Communiqué de presse
18 avril 2010
La médaille Hans Freudenthal 2009 vient d’être décernée au Professeur Yves Chevallard de l’IUFM de l’Université de Provence, par l’International Commission on Mathematical Instruction (ICMI), association internationale qui regroupe les sociétés mathématiques de 85 pays. Ce prix honore tous les deux ans, et depuis 2003, un chercheur qui a apporté une contribution majeure au champ de la didactique des mathématiques.
Après que la première médaille Felix Klein a été décernée, par cette même commission en 2003, au Professeur Guy Brousseau pour l’ensemble de son ’uvre relative au développement de la recherche sur l’enseignement des mathématiques, l’attribution de la médaille Hans Freudenthal à Yves Chevallard constitue une nouvelle reconnaissance internationale de la contribution décisive pour l’enseignement des mathématiques fournie par l’école française de didactique des mathématiques. Cette médaille lui sera solennellement remise à Séoul en juillet 2012 à l’occasion du prochain congrès de l’ICMI.
Le travail du Professeur Chevallard s’étend sur plus d’une trentaine d’années. Il s’est d’abord fait connaître par le concept de transposition didactique, développé dans son ouvrage éponyme de 1985 La transposition didactique, du savoir savant au savoir enseigné. Il y décrit le processus de transformation grâce auquel il devient possible d’enseigner certaines parties des mathématiques au sein d’institutions sociales dédiées à l’instruction de leurs membres. On trouve parmi elles, et en premier lieu, l’Ecole telle qu’on la connaît, où certaines ’uvres humaines, scientifiques ou non, deviennent des disciplines ; le concept de transposition didactique concerne alors d’autres savoirs que mathématiques. L’effort théorique qu’il a poursuivi depuis la publication de cet ouvrage ne se limite pas à ce seul cadre. A travers les études menées dans divers domaines, (notions de contrat et de situation didactiques, de rapport au savoir, d’observation et d’analyse des phénomènes propres à l’enseignement, notamment scolaire, d’un savoir), c’est tout un cadre théorique inédit qu’il a construit et qui porte désormais le nom de Théorie Anthropologique du Didactique (TAD).
A la dichotomie classique entre théorie et pratique, entre savoir et savoir-faire, la TAD substitue le concept central d’organisation praxéologique, qui permet l’articulation de la praxis, ou savoir-faire, au logos, c’est-àdire au discours raisonné tenu sur la pratique (ce que l’on entend souvent par théorie). La TAD dépasse le seul cas des
activités mathématiques, et postule que toute activité humaine peut se laisser décrire sous le concept d’organisation praxéologique. C’est en ce sens que la théorie prend en compte la dimension anthropologique dont elle se revendique.
A partir de la diffusion des travaux d’Yves Chevallard, dont une grande partie est consultable sur son site, des thèses qu’il a dirigées, des écoles d’été de didactique des mathématiques, des congrès spécifiques à la TAD dont le dernier s’est tenu en janvier 2010 en Espagne, de nombreuses recherches sont menées au niveau
international, notamment dans les pays francophones et hispanophones. Elles permettent de conjuguer des avancées théoriques et des propositions théoriquement contrôlées pour
des enseignements bâtis autour de la problématique de l’étude par la recherche.
Le président de l’Association pour la Recherche en Didactique des Mathématiques (ARDM)
Yves MATHERON
Le président de la Commission Française pour l’Enseignement des Mathématiques (CFEM)
section française d’ICMI
Pierre ARNOUX