Chers collègues,
C’est avec beaucoup d’émotions, que nous vous faisons part du décès de Charles Payan, le 23 juillet 2024 chez les siens à Tullins, à l’âge de 84 ans.
Charles Payan était Directeur de Recherche au CNRS, il a fait l’ensemble de sa carrière à l’Université Joseph Fourier. Ces travaux ont été source d’inspiration en particulier pour ses doctorants, son contact toujours enrichissant. Charles a encadré 14 thèses dont 8 en didactique des mathématiques et 6 en combinatoire.
Charles était toujours disponible et très présent, le bureau toujours ouvert. Les jeunes chercheurs en mathématiques enthousiastes et fiers de présenter une preuve laborieuse trouvaient toujours une oreille bienveillante dans son bureau. Et très souvent, le jeune chercheur sortait de son bureau avec une nouvelle preuve plus limpide et parfois plus générale du problème traité ainsi de façon nettement plus élégante.
Modélisation et récurrence sont les armes favorites de Charles qu’il manie avec expertise. Ainsi il transforme des problèmes géométriques d’empilement en étude de relations d’incidence qui lui permettent de s’attaquer à des questions difficiles (toujours d’actualité) telles que les conjectures Erdös-Oler (1961) et Gollomb-Welch (1968). C’est aussi une récurrence ingénieuse qui nous a fait croire à une nouvelle preuve du théorème des 4-couleurs ; il a fallu cependant se contenter de la preuve d’une conjecture d’Eliahou (1998).
Son enthousiasme et son agilité pour prouver, Charles a pris soin de les transmettre à ses étudiants. Plus largement, il a largement contribué aux premiers pas de l’association Math.en.Jeans pour proposer l’activité mathématique aux plus jeunes. Il a ensuite formalisé à travers le modèle didactique des situations recherche en classe, des conditions nécessaires et suffisantes pour l’élaboration de situations permettant au plus grand nombre d’accéder à l’activité mathématique.
Charles Payan a partagé cet équilibre entre recherches en didactique et en mathématique discrète en constituant des équipes mixtes ; d’abord au Laboratoire de Structures Discrètes et Didactique, puis au Laboratoire Leibniz et enfin à l’Institut Fourier. Ce modèle est à l’origine de la création de la fédération de recherche « maths à modeler » de l’Université Grenoble Alpes.
Sans doute que l’originalité de ses travaux est due, en partie, à son côté non conventionnel, qui mis à part sa gentillesse et sa générosité était une de ses caractéristiques. D’ailleurs, nous saluons la mémoire d’un scientifique et poète, mathématicien et plasticien, un humaniste.
Nicolas Balacheff, Denise Grenier, Sylvain Gravier et Michel Mollard
Toutes mes condoléances à la famille du défunt. Que son âme repose en paix.
J’apprends cette triste nouvelle avec émotion.
J’ai fait la rencontre de Charles durant ma thèse à Grenoble, sur la route d’un congrès MATh.en.JEANS.
Je garde le souvenir de quelqu’un d’une extrême gentillesse, toujours intéressé par les recherches des élèves, curieux de discuter de problèmes de mathématiques (surtout discrètes), et passionné d’art contemporain.
Nous lui devons d’ailleurs la couverture originale de la revue RDM.
Toutes mes pensées à ses proches, nous perdons un compagnon historique de la didactique des mathématiques.